Résumé Cet article se penche sur une méthode nouvelle, l'expérimentation sociale, qui a pris récemment place dans la boîte à outils des économistes pour évaluer des mesures nouvelles de politiques sociales. À côté de la place grandissante prise par les logiques de performance mesurées au niveau individuel, le développement de cette méthode peut notamment s'expliquer par les limites que rencontrent deux autres voies qui se donnaient une ambition comparable : l'économie expérimentale et la microéconométrie de l'évaluation. La seconde partie de l'article propose une sélection d'expérimentations sociales conduites dernièrement en France ; le lecteur peut ainsi apprécier les apports et les faiblesses de la méthode.
Cet article s'attache à rendre compte du récent développement, en France, des modèles de micro-simulation dédiés à l'étude générale du système socio-fiscal. Par contre, il laisse de côté des développements plus spécialisés, relatifs à des analyses sectorielles. Dans une première partie, l'exposé présente en premier lieu très simplement les méthodes de micro-simulation et les attentes auxquelles ces dernières peuvent répondre; ensuite, il expose les principaux modèles existants en France, en tentant d'en faire l'histoire; enfin, il propose une première typologie qui repose sur trois critères. Dans une seconde partie, l'article présente, afin de contribuer à une évaluation critique des apports des méthodes de micro-simulation, une revue de quelques problèmes soulevés par l'utilisation de ces modèles.
Myriade est le modèle de microsimulation en cours de développement à la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Avec cet outil, la branche Famille améliore ses possibilités d'études, de prévisions et de chiffrages. En effet, les autres sources statistiques dont elle dispose sont représentatives de la population des allocataires et fournissent une information détaillée pour chacun d'eux. Cependant, ces caractéristiques posent parfois problème, notamment lorsqu'il s'agit d'étudier la mise en place d'une nouvelle prestation ou la modification de la législation dans le sens d'un élargissement du champ des bénéficiaires. MYRIADE évite ces difficultés car il est représentatif de l'ensemble des ménages de la France métropolitaine. L'apport de MYRIADE est de trois ordres: un chiffrage peut être fait en prenant en compte l'ensemble des ménages français; chaque individu peut être localisé à la fois dans un ménage, un foyer fiscal ou une famille; MYRIADE permet de distinguer les conséquences fiscales et sociales d'une mesure.
Par les charges qu'elle occasionne, la présence des enfants tend à réduire le niveau de vie des familles. La collectivité compense en partie ces charges par le biais de prestations familiales et/ ou de réductions d'impôts. Cette étude, réalisée à partir du modèle de microsimulation MYRIADE, s'attache à décrire ces transferts au bénéfice des familles, sans prétendre traiter de l'adéquation entre ces transferts et les dépenses dues à la présence des enfants. Le champ retenu est large quoique limité aux flux monétaires: les prestations familiales, les allocations logement, les minima sociaux, l'impôt sur le revenu et la taxe d'habitation. Afin de mieux caractériser cette redistribution, une méthodologie particulière a été adoptée. Plutôt que de calculer la différence entre le revenu disponible de chaque famille et son revenu primaire, les auteurs ont isolé la variation du revenu disponible que l'on peut attribuer au benjamin dans chaque famille comptant au moins un enfant de moins de vingt-cinq ans. Cette variation de revenu disponible occasionnée par la présence du benjamin est en moyenne de 200 euros par mois. Elle est par ailleurs largement déterminée par le rang du benjamin et par son âge.
Cette étude se propose de fondre les barèmes des cinq allocations d'entretien des enfants (allocations familiales, majorations des allocations familiales, allocation pour jeune enfant, complément familial et allocation de rentrée scolaire) en un barème unique et, en conséquence, de substituer une seule prestation - que l'on appellera « allocation familiale unique » - à toutes celles versées actuellement. Les objectifs de la politique familiale française ne sont cependant pas remis en cause: la question traitée ici est celle de la simplification des barèmes. Certaines singularités de la réglementation actuelle sont toutefois « corrigées ». Les paramètres du nouveau barème sont calculés au moyen d'une méthode d'ajustement économétrique qui permet de limiter les inévitables transferts de prestations qu'engendrerait cette entreprise et de respecter l'enveloppe financière actuellement assignée aux prestations d'entretien. La mise en place de l'allocation familiale unique coûterait - pour n'occasionner aucun perdant - 525 millions d'euros la première année. Le coût des prestations d'entretien augmenterait de 45 millions d'euros et le montant de l'allocation compensatrice, versée aux familles qui perdraient à la réforme, s'élèverait à 480 millions d'euros.
This historical review is intended to evaluate the econometrics contribution to the analysis of the relationship wage/employment. The first part is mainly devoted to the macroeconomic modeling "as it was in the old days". The second part is concerned with the developments of the "new" econometrics dealing with the relationship wage/employment. Or more precisely, it is mainly devoted to the four following points : the improvements in dynamic specifications concerning labour demand, the modeling in terms on prices and wages stting (models socalled WS/PS), the studies using microeconomic data, and lastly the analyses which distinguish the different qualifications of the labour force. On the other hand, we do not mention the developments relative to the relationship between the labour supply and the wage levels. However, these developments constitute an important part of econometrics applied to labour economics. The conclusion sums up the historical overview in five points.
Ce travail propose une représentation simple des conséquences du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en assimilant ce dernier à un dispositif de baisse du coût du travail s'adressant aux salaires inférieurs à 2,5 fois le Smic. Cette représentation distingue des effets de compétitivité, consécutifs à la baisse des coûts de production occasionnée par la diminution du coût du travail, et des effets de substitution, consécutifs aux variations des coûts relatifs des facteurs de production. Deux traits principaux singularisent cette étude. En premier lieu, l'impact est chiffré au niveau des 1 544 434 établissements à notre disposition dans les déclarations annuelles de données sociales en 2011. En second lieu, nous tenons compte des conséquences de la baisse du prix des consommations intermédiaires domestiques à la suite de la diminution des coûts de production dans les autres branches. En dépit du fait que le CICE n'est pas particulièrement ciblé sur les bas salaires, plus des quatre cinquièmes de l'impact favorable du CICE sur l'emploi auraient pour origine des effets de substitution. Par ce canal, de l'ordre de 220 000 emplois pourraient être créés ou sauvegardés. Le CICE, d'un autre côté, conduirait à créer ou à sauvegarder près de 41 000 emplois par le canal d'effets de compétitivité. Pour la main-d'œuvre la plus qualifiée, ces créations d'emploi compenseraient partiellement, au niveau agrégé, les pertes d'emploi liées aux effets de substitution. D'après cette modélisation, le CICE pourrait à terme créer (ou éviter la destruction) de près de 261 000 emplois (en équivalent temps plein).
Résumé La formation de capital fixe, en France, a-t-elle été suffisamment flexible ? D'une part, l'atonie (relative) de l'investissement depuis 1970 nous conduit à relativiser la pertinence du modèle traditionnel d'accélérateur. D'autre part, l'hypothèse de coûts d'ajustement a permis de renouveler assez profondément la théorie néo-classique en faisant intervenir la profitabilité, la différence entre la rentabilité effective du capital et son coût de financement, comme paramètre dans la décision d'investissement. Nous proposons une illustration empirique à partir de données annuelles de branches industrielles françaises en nous limitant à l'estimation de la relation d'Euler par une méthode appropriée (la méthode des moments généralisée qui permet de ne pas complètement spécifier le mode de formation des anticipations). Les résultats obtenus, pour 11 branches sur 18, ne conduisent pas à rejeter le modèle proposé.